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Histoire et patrimoines
15 mai 2020

Les peintures rupestres du Tassili-n-ajjer

 

 

Si les peintures sahariennes ont été découvertes en Libye dès le milieu du XIXe siècle, c’est un militaire français, le lieutenant Charles Brenans qui le premier a remonté un profond canyon creusé dans le plateau du Tassili n’Ajjer au-dessus de Djanet, en 1932. Il y découvrit des gravures et des peintures rupestres dont il comprit immédiatement l’intérêt. Outre les nombreuses représentations des animaux de la faune sauvage africaine : mouflons, éléphants, girafes, rhinocéros, antilopes, lions, mais aussi des boeufs domestiqués, ce sont les silhouettes des hommes et des femmes qui le fascinèrent. Dès lors, des spécialistes se sont intéressés à cet art rupestre du Tassili en organisant les premières expéditions. Une ethnologue suisse Yolande Tschudi publie en 1956 la première étude consacrée à ces découvertes. Cette année-là, Henri Lhotte entreprend une campagne d’étude de 15 mois sous le patronage du musée de l’Homme à Paris, du CNRS et de l’Institut d’études sahariennes d’Algérie. Accompagné d’une équipe de peintres, d’un photographe et d’autres techniciens, sous la conduite d’un guide touareg qui connaissait bien le terrain, Jebrine ag Mohamed, il réalisa un énorme travail de documentation sur l’art rupestre du Tassili-n-Ajjer. Son exposition et son ouvrage, A la découverte des fresques du Tassili paru en 1958, ont permis de faire découvrir un extraordinaire patrimoine et un magnifique musée de peintures à ciel ouvert.

Cet art rupestre du Sahara orne des abris sous roche ou des parois verticales protégées par des surplombs, du soleil, de la pluie et des vents de sable dans un paysage sculpté par l’érosion et étonnamment chaotique. Si les gravures sont nombreuses, on peut y voir surtout des milliers de peintures qui recouvrent d’immenses parois.

Difficile d’établir une chronologie de ces oeuvres d’autant plus que des fresques offrent des peintures ou des gravures faites à des époques différentes. Les spécialistes ont classé l’art rupestre du Sahara en fonction des styles de représentations ou des motifs proposés. Le style le plus ancien a été défini par Henri Lhotte comme celui des « têtes rondes ». Il est caractérisé par des corps humains dont la tête se limite à un cercle figurant le visage.

Le style « bovidien » évoque surtoutdes scènes pastorales et dépeint la vie quotidienne de peuples sédentarisés. Il s’agit de peintures naturalistes où les troupeaux de vaches sont saisissants de réalisme. Depuis 4500 ans, le Sahara s’est progressivement désertifié en provoquant la disparition des éleveurs de bovins obligés de quitter le Tassili.

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Il y a 4000 ans, le style « caballin » apparaît avec la représentation de chevaux sur les fresques. On y voit des chars, conduits par des cavaliers et tirés par des chevaux « au galop volant ». A l’époque « cameline », les dromadaires remplacent les équidés comme animaux de trait et les humains sont alors représentés avec des têtes en bâtonnets.

 

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La datation des peintures fait débat entre les spécialistes. Elle oppose les partisans d’une chronologie longue qui les feraient remonter vers 10 000 av. J.-C., aux partisans d’une chronologie courte pour qui elles commenceraient vers 4 500 av. J.-C.. Cette dernière est aujourd’hui adoptée par la plupart des chercheurs français tels que Jean-Loïc Le Quellec ou François Soleilhavoup. Ces deux spécialistes ont cependant des points de vue divergents sur l’interprétation des dessins et des symboles représentés sur les fresques. Dans Sahara Vision d’un explorateur de la mémoire rupestre, François Soleilhavoup rattache l’expression ésotérique et symbolique des peintures les plus énigmatiques à l’animisme et au chamanisme. Son analyse de la fresque de Tin Tazarift insiste sur le fait que « les artistes aient eu l’intention de dépeindre la vision hallucinée de la sortie de soi, du « voyage » vers un autre monde ». Il n’est pas le seul à retrouver une tradition chamanique dans les peintures préhistoriques. Jean Clottes, dans Le Musée des roches. L’art rupestre dans le monde, accorde une certaine validité à cette interprétation en écrivant que « Les abris ornés sont souvent considérés comme des ouvertures sur le monde surnaturel. »tassili3

 

Depuis 1982, l’Unesco a inscrit les peintures du Tassili sur la liste du patrimoine de l’humanité.

 

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